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Page:Marx - Travail salarié et capital, 1931.djvu/91

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dire que le niveau du salaire est une grandeur constante, mais que, bien que celui-ci ne puisse et ne doive pas monter, il peut et doit baisser toutes les fois qu’il plaît au Capital de le réduire. S’il plaît au Capital de vous nourrir de pommes de terre au lieu de viande, et de bouillie d’avoine au lieu de pain blanc, il vous faut subir sa volonté comme une loi de l’économie politique et vous y soumettre. Si dans un pays, par exemple aux Etats-Unis, les taux des salaires sont plus élevés qu’en Angleterre, vous devrez expliquer cette différence dans le niveau du salaire comme une différence entre la volonté des capitalistes américains et celle des capitalistes anglais, méthode qui simplifierait beaucoup l’étude non seulement des phénomènes économiques, mais aussi de tous les autres phénomènes.

Mais même alors nous pourrions demander pourquoi la volonté des capitalistes américains diffère de celle des capitalistes anglais, et pour répondre à cette question, il nous faudrait sortir du domaine de la volonté. Quelqu’un peut me raconter que Dieu veut une chose en France et une autre chose en Angleterre. Si je le mets en demeure de m’expliquer la dualité de cette volonté, il aura peut-être le front de me répondre qu’il plaît à Dieu d’avoir une volonté en France et une autre en Angleterre. Mais notre ami Weston sera certainement le dernier à tirer argument d’une négation aussi complète de toute raison.

La volonté du capitaliste consiste certainement à prendre le plus possible. Ce que nous avons à faire, ce n’est pas de disserter sur sa volonté, mais de rechercher sa puissance, les limites de sa puissance et le caractère de ces limites.