Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, I.djvu/30

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naires, soustrait à l’industrie son assise nationale. Les antiques industries nationales ont été anéanties, et leur ruine se poursuit de jour en jour. Elles cèdent la place à des industries nouvelles, dont l’adoption est pour tous les peuples civilisés une question de vie ou de mort, à des industries qui élaborent non plus les matières premières indigènes, mais des matières premières empruntées aux régions les plus lointaines, et qui fabriquent non plus uniquement pour la consommation indigène, mais pour l’univers entier. Les besoins de jadis, auxquels suffisaient les produits nationaux, ont fait place à des besoins nouveaux, qui requièrent pour leur satisfaction les produits des contrées et des climats les plus lointains. Les antiques barrières où s’abritait la paix solitaire et béate des existences locales et nationales se sont écroulées devant l’infinie complexité des échanges qui font entre les nations une solidarité étroite et complexe. Production matérielle, production intellectuelle, c’est tout un. Les œuvres de l’esprit que produit chaque nation deviennent le bien commun de toutes. C’en est fait des œuvres exclusives et bornées, écrites pour un seul peuple : de la multiplicité des littératures nationales et locales naît une littérature universelle.

9. En perfectionnant avec une rapidité prodigieuse l’ensemble des instruments de production, en rendant incomparablement plus faciles les communications, la bourgeoisie entraîne à la civilisation jusqu’aux actes les plus barba-