Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, I.djvu/73

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Le développement très imparfait de la lutte de classe qu’ils observent, et leur propre situation de fortune, font qu’ils se croient eux-mêmes fort au-dessus de cet antagonisme des classes. C’est le genre de vie de tous les hommes, même des plus favorisés, qu’ils veulent améliorer. Aussi ne cessent-ils pas de faire appel à la société tout entière et sans distinction, ou même de préférence à la classe dirigeante. Ne suffit-il pas de comprendre leur système, pour y voir le meilleur plan possible de la meilleure des sociétés possibles ?

Il est logique encore qu’ils repoussent toute action politique, et toute action révolutionnaire notamment. Ils prétendent arriver à leur but par des voies pacifiques. Des expériences faites en petit, et dès lors nécessairement manquées, doivent fournir l’exemple dont la force persuasive frayera le chemin au nouvel évangile social.

Ces descriptions imaginaires de la société future surgissent en un temps où le prolétariat, n’ayant atteint qu’à un développement fort imparfait, n’a lui-même de sa position qu’une notion imaginaire. Elles disent son premier et instinctif effort vers une transformation universelle de la société.

73. Mais il y a, dans ces écrits socialistes et communistes, des parties critiques. Ils s’en prennent aux fondements mêmes de la société existante. Ils ont amoncelé des matériaux merveilleusement propres à éclairer les ouvriers. Quant à leurs propositions positives touchant la