Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/11

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Garnier-Pagès et F. Arago, servit de modèle au Deutsche Bund zur Vertheidigung der Pressfreiheit, que fonda un avocat de Deux-Ponts, Savoie, réfugié à Paris après l’échauffourée de Francfort et les fêtes nationalistes et révolutionnaires de Hambach en 1832. Ludwig Bœrne a décrit, dans ses Mittheilungen aus Paris (lettres des 26 et 27 février 1832) comment des employés de magasins allemands, auxquels se joignait un groupe d’artisans communément réuni dans un petit restaurant de la rue Tirechappe, no  7, fondèrent cette association. Une cotisation d’un sou par mois et par homme subvenait à la propagande qui consistait en l’achat de livres utiles à la cause. Des étudiants et des journalistes exilés se mêlaient à la foule des commis et des ouvriers. On fut cinq cents. Au passage Saumon ou dans quelque salle des faubourgs, on se réunissait. Henri Heine, qui a assisté, avec une aristocratique répugnance, à ces tabagies, où le mena Bœrne malgré lui, en a fait un tableau où l’ironie essaie vainement de dissimuler la terreur bourgeoise[1]. Wolfrum et Garnier étaient les principaux orateurs de ces réunions où le poète s’indignait qu’un cordonnier bancal et contrefait pût venir déclarer que tous les hommes étaient égaux. Mais Ludwig Bœrne lui-même y venait, et, d’une parole plus puissante ; aphoristique et brève encore que son style, dans un langage digne du Sermon sur la montagne, gagnait des âmes. Aussi

  1. H. Heine, Ludwig Bœrne, livre iii.