Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/18

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prétend concilier la royauté d’un seul et la volonté du peuple.

Or, incessamment, dans la dissolution sociale générale, il y a quelque chose qui monte et grandit : un être inconscient, immense, insatiable : le capital. Il réclame le fruit de la peine d’autrui, prélève le produit d’une industrie qui est celle de tous, revendique seul toutes les jouissances d’une civilisation créée par le peuple, qui en est exclu. « Si l’on veut, écrivait le Geæchtete de 1834, que la lumière se fasse pour le peuple, il faut que dans la révolution prochaine on ne renverse pas seulement le trône, mais la monarchie. Or, la monarchie, ce ne sont ni des écussons blasonnés ni des couronnes royales ; la monarchie, c’est le privilège. Et le privilège de tous les privilèges, c’est la richesse. »

Dans la société présente, ajoutaient les Pensées d’un Républicain, le gouvernement politique est aux privilégiés et aux riches ; il s’ensuit que ce gouvernement légifère de façon à consolider encore la richesse acquise et à déshériter davantage le pauvre. « La loi consacre et protège la coalition des forts contre les faibles, des patrons contre les ouvriers. Elle condamne et poursuit la coalition défensive des faibles contre les forts, des ouvriers contre les patrons. Est-ce là de la légalité ? » (Pensées d’un Républicain, p. 39.) Les institutions politiques, la loi civile, le droit commercial, la propriété foncière, le capital n’ont ainsi qu’un but et un résultat nécessaire : accumuler la richesse natio-