Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/210

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Manifeste, est une révolution capitaliste destinée à donner à la bourgeoisie capitaliste la victoire à la fois « sur la monarchie absolue, la propriété foncière féodale et la petite bourgeoisie » (§ 75), Marx n’y croit donc point. Il estime sans doute que cette révolution ira plus loin que le constitutionnalisme « financier, boursicotier et exploiteur ». Elle ira jusqu’au socialisme d’État, jusqu’à la république, mais avec l’aide des petits bourgeois et non malgré eux. Marx est prêt à accepter cette république avec son socialisme partiel, sauf à la transformer en la république sociale vraie, quand le prolétariat aura mûri (§ 32).

Ces alliances du prolétariat avec les autres partis d’opposition évitent le danger des compromissions, par la conscience, qui demeure vivante chez les ouvriers, de l’intérêt de classe. Il s’agit pour le prolétariat « de conquérir le terrain pour sa propre bataille », fût-ce avec l’aide d’un allié qui trahira le lendemain. Mais on combattra sans scrupule après sa trahison l’allié félon.

Pour ce lendemain, il faut que tous les prolétariats s’entendent. On a vu leurs intérêts solidaires (§27, 33). Une politique réaliste veut que ces intérêts soient aperçus dans toute leur étendue, et que l’effort qui les fera prévaloir soit concerté d’une énergie unanime. La révolution bourgeoise s’est accomplie de la sorte, et elle a réalisé l’affranchissement des capitalistes dans l’unité nationale. La révolution sociale doit être l’émancipation de tous en