Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/78

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ment des classes opprimées, Pecqueur pensa qu’elle se résolvait par la répercussion sur tous les rapports d’homme à homme des améliorations apportées à l’outillage humain.

Il s’agissait beaucoup moins, pensait-il, « de la quantité des richesses crées ou consommées » par le fait d’une amélioration technique, que « des changements qu’elle entraînait dans le mode de production, de circulation et de consommation ; dans la distribution de ces richesses, dans le mécanisme industriel et l’organisation du travail[1] ». Or ces changements sont toujours dans le sens de la liberté, tant il est vrai que « l’esclavage est incompatible avec le travail » ; et l’histoire démontre abondamment que les peuples les plus actifs industriellement sont aussi les plus libres[2].

Frédéric List, dont le Système d’économie politique nationale (1841) offre avec la doctrine de Pecqueur des ressemblances stupéfiantes, avait insisté surtout sur la solidarité qui existe entre les modes de production et les modes de circulation. Mais il ajoutait que les méthodes de production cependant sont décisives ; et telle était l’importance qu’il attribuait aux forces productives que l’apparition seule de ce vocable suffit à déceler l’influence de List. Nous donnerons (§ 68) des preuves formelles de cette influence chez Marx. Mais aucune preuve ne la signale plus fortement que cette appari-

  1. Pecqueur. Des Intérêts du Commerce, pp. 5, 92, 95, 96.
  2. Pecqueur. Des Améliorations matérielles.