Aller au contenu

Page:Mary - Roger-la-Honte, 1887.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ils déclarèrent n’avoir rien entendu. Ils s’étaient couchés vers dix heures et avaient dormi tout d’une traite jusqu’au matin.

– C’était par les gens de la rue, quelques instants auparavant, qu’ils avaient appris l’assassinat.

Lacroix leur fit signe de se retirer. Ils obéirent.

Et comme Victoire s’empressait de les suivre, le commissaire de police la rappela.

– Pardon, ma fille, un mot, je vous prie…

« Je vais vous répéter un peu brièvement les questions que j’ai déjà faites à vos camarades. À quelle heure vous êtes-vous couchée ?

– Mais, Monsieur… mais, balbutia Victoire…

Elle regardait sa maîtresse avec une telle persistance qu’il était visible qu’elle attendait d’elle un geste, un mot.

M. Lacroix se mit entre elles, sans paraître y prendre garde.

– Répondez, ma fille, et ne craignez pas de dire la vérité.

– Je me suis couchée très tard… plus tard que d’habitude… Madame a dû vous le dire…

– Pourquoi, hier, plus tard que les autres jours ?

– Nous attendions Monsieur qui n’est rentré que passé minuit…

– Vous ne l’avez pas attendu jusque-là ?…

– Si, jusqu’à minuit à peu près… avec Madame et Mademoiselle…

– Vous voulez dire jusqu’à dix heures ?

– Non pas, minuit. À onze heures et demie j’étais dans la chambre de Madame qui m’avait sonnée pour déshabiller mademoiselle Suzanne.

M. Lacroix fronça le sourcil et garda un moment le silence.

– Vous êtes bien sûre de l’heure ?

– Pardié, Monsieur, puisqu’on vous le dit !

Pourquoi Mme Laroque avait-elle prétendu s’être couchée à dix heures ?

Pourquoi avait-elle prétendu que son mari était rentré quelques minutes après ?

Dans quel but, dans quel intérêt avait-elle menti ?

– Ainsi donc, reprit-il, vous vous trouviez vers onze heures et demie dans la chambre de madame Laroque. Cette heure coïncide avec celle du crime.

« Un coup de feu a été tiré… l’avez-vous entendu ?

– Parfaitement. J’en ai même fait l’observation à Madame. Mais Madame,