Page:Mary - Roger-la-Honte, 1887.djvu/30

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– Cela m’explique que mon mari et moi nous n’ayons rien entendu. Je me suis couchée vers dix heures et mon mari est rentré chez lui peu de temps après. Je ne l’ai pas vu.

– Monsieur Laroque est absent ?

– Il a dû prendre le train de neuf heures pour Paris.

– Si monsieur Laroque, de son côté, avait entendu quelque chose de suspect, il vous en eût parlé ce matin ?

– J’en suis certaine, Monsieur. Et il ne m’a rien dit.

– Vous avez, je crois, une gentille fillette de sept ou huit ans ? Où couche-t-elle ? N’aura-t-elle pas été réveillée par la détonation ?

– Elle a couché cette nuit dans mon lit. Elle a dormi jusqu’au matin.

Elle avait dit cela d’une voix brève, précipitée, qui surprit Lacroix. Son œil perspicace s’arrêta une seconde sur la jeune femme.

Elle baissa involontairement les yeux sous ce regard.

– Puis-je voir l’enfant ? demanda M. Lacroix.

– Monsieur, dit la malheureuse femme, vous pouvez… assurément… la voir… si vous le jugez convenable… pourtant Suzanne est un peu souffrante ce matin…

– Tiens, tiens, murmura le commissaire… on ne veut pas me la faire voir, cette fillette ?… Pourquoi ?

M. Lacroix s’inclina et allait passer outre quand, tout à coup, sur le seuil de la chambre, apparut l’enfant, marchant les yeux fixés sur sa mère.

– Non, mère – dit-elle, sans qu’on l’interrogeât – non, je n’ai pu rien entendre. J’ai dormi toute la nuit, sans me réveiller…

Des larmes jaillirent aux yeux d’Henriette. Un sanglot tordit son cœur, et s’arrêta dans sa gorge. Elle se détourna et, se baissant, embrassa Suzanne…

– Il ne me reste plus qu’à interroger vos domestiques, dit le commissaire.

Mme Laroque sonna aussitôt. Victoire entra.

– Amenez ici la cuisinière et le cocher, et remontez avec eux.

Un instant après, tous les trois étaient là.

Le cocher et la cuisinière avaient leurs mansardes sur le jardin.