III.
Un soir, Siddhârtha était mollement étendu sur sa couche, entouré d’une troupe de femmes, et tout semblait l’engager au sommeil. Des voix mélodieuses chantaient doucement ; de jeunes danseuses, n’ayant pour tout vêtement qu’une mousseline peu discrète, agitaient, en cadence, des écharpes de soie et des guirlandes de fleurs ; la fumée des cassolettes, s’élevant en spirales, remplissait l’air de parfums voluptueux. L’esprit flottant, le regard indécis, le prince restait languissamment bercé. Tout à coup, des voix célestes se font entendre à son oreille, et les dieux viennent dérouler devant lui les bonnes œuvres de ses existences passées. Que de charité il a déployée au milieu de tant de fortunes diverses ! tantôt donnant son corps en pâture à une tigresse affamée ; tantôt devenu ours lui-même et