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Un double devoir repose sur sa tête ; il faut qu’elle réunisse le caractère paternel et maternel dans l’éducation de ses enfans ; qu’elle leur donne des principes et soigne en même tems leur fortune ; mais, hélas ! elle n’a jamais pensé, encore moins agi par elle-même ; on lui a seulement appris à plaire aux hommes[1], à se sou-

  1. « Dans l’union des sexes, chacun concourt également à l’objet commun, mais non pas de la même manière. De cette diversité, naît la première différence assignable, entre les rapports moraux de l’un et de l’autre. L’un doit être actif et fort, l’autre passif et foible ; il faut nécessairement que l’un veuille, puisse ; il suffit que l’autre résiste peu.
    Ce principe établi, il s’en suit que la Femme est faite spécialement pour plaire à l’homme : Si l’homme doit lui plaire à son tour, c’est d’une nécessité moins directe : Son mérite est dans sa puissance, il plaît par cela seul qu’il est fort. Ce n’est pas ici la loi de l’amour, j’en conviens ; mais c’est celle de la nature, antérieure à l’amour même.
    Si la Femme est faite pour plaire et pour être subjuguée, elle doit se rendre agréable à l’homme, au lieu de le provoquer : Sa violence à elle est dans ses charmes ; c’est par eux qu’elle doit le contraindre à trouver sa forcé et en user. L’art le plus sûr d’animer cette force, est de la rendre nécessaire par