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lieu d’en prendre le goût. C’est toujours ainsi qu’elles ont jugé les sentimens et les plaisirs délicats des ames plus cultivées, même dans ceux que le hazard ou des liaisons de famille les ont conduites à aimer. Quant à leurs simples connoissances, elles croyent que c’est chez elles affectation pure.

Un homme de bon sens ne sauroit aimer une pareille Femme, qu’à cause de son sexe, et la respecter, que parce qu’il y trouve une domestique fidèle. Il ne la garde que pour se débarasser des soins du mènage, avoir l’œil sur ses gens et asister au culte, vétue d’une manière à désigner sa compagne ; probablement un homme aussi borné, vivroit moins bien avec elle ; il empiéteroit sur sa prérogative, et voudroit, pour faire quelque chose, se mêler des soins de l’intérieur. Cependant les Femmes dont l’ame n’a pas été aggrandie par la culture, ou l’égoïsme naturel de la sensibilité tiré de ses bornes étroites par la réflexion, ne sont pas propres non plus à tenir les rênes d’une famille ; en effet, abusant de leur pouvoir, elles se montrent despotes, pour soutenir une supériorité qu’elles ne doivent qu’aux