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des hommes, et encore pour un tems assez court. D’ailleurs, comment Rousseau peut-il se promettre de les voir vertueuses et constantes, puisqu’il n’établit pas leur vertu sur la base solide de la raison, et ne fixe point les recherches de leurs esprit sur la vérité.

Mais toutes les erreurs de Rousseau prirent leur source dans sa sensibilité, et les Femmes sont toujours prêts à pardonner à ceux à qui leurs charmes ont tourné la tête. Il se passionna, quand il auroit dû ne tenir que le froid langage de la raison, et la réflexion enflamma son imagination, au lieu d’éclairer son jugement. Ses qualités mêmes contribuèrent à l’égarer ; car la nature qui l’avoit doué d’une constitution ardente et d’une imagination vive, l’entraîna vers l’autre sexe, d’un mouvement si rapide qu’il devînt bientôt lascif. S’il avoit ménagé quelques jours à l’évaporation de ses désirs, son feu se fût éteint de lui-même, d’une manière toute naturelle ; mais la vertu et une sorte de délicatesse romanesque, le lui interdirent ; cependant, tandis que la crainte, la délicatesse ou la vertu le tenoient dans la ré-