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nocentes, les plus belles images du ciel ici bas, voilà ce qu’on trouve. Quant au bon sens, l’auteur l’a complettement oublié. — Ce n’est pas là le langage du cœur, qu’il n’atteindra jamais ; il est tout au plus bon à chatouiller l’oreille.

On m’objectera peut-être que le public a goûté cet ouvrage. — Belle raison ! ne lit-on pas aussi les méditations d’Hervey, qui n’a pas plus respecté le goût ni le bon sens ?

Je m’élève sur-tout contre ces phrases d’amoureux transi, expressions forcées de sentimens qui ne le sont pas moins, qu’on trouve à chaque instant dans ces instructions pour les jeunes personnes. Si l’on permet aux Femmes de marcher sans lisières, pourquoi les cajoler en faveur de la vertu, par une adulation pleine d’artifice et des complimens pareils à ceux qu’on employeroit pour les séduire ? — Parlez-leur le langage de la vérité et du bon sens, et loin d’ici tout cet apprêt et ces mignardises ! Enseignez-leur à se respecter elles-mêmes, en qualité de créatures raisonnables, et ne les conduisez pas à s’éprendre d’une belle passion pour leur in-