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point de vue, il n’est pas très-extravagant d’imaginer que ce monde est un théâtre sur lequel se joue une pantomime continuelle, pour l’amusement des êtres supérieurs. Quel divertissement pour eux, de voir l’ambitieux courir après un fantôme, et poursuivre la fragile renommée dans la bouche du canon qui va l’anéantir ; car, quand on a perdu le sentiment de l’existence, peu nous importe de monter dans un tourbillon, ou de descendre dans la pluie : mais si l’on renforçoit la vue de l’ambitieux, si on lui montroit le sentier épineux de l’élevation qui, tel qu’un sable mouvant, se dérobe sous ses pieds, et trompe ses espérances au moment où il croit les réaliser ; ne céderoit-il pas à d’autres l’honneur d’en être les dupes ? ne travailleroit-il pas à s’assurer du moment présent, quoique d’après la nature de sa constitution, il ne dût pas trouver facile d’arrêter le torrent fugitif ? C’est ainsi que la crainte et l’espérance nous traînent en esclaves !

Mais quelques vains que soient les projets de l’ambitieux, il s’agite souvent pour quelque chose de plus substanciel que la