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CHAPITRE VII.

La modestie considérée en grand, et non comme une vertu sexuelle.

Modestie ! fille sacrée de la sensibilité et de la raison, véritable délicatesse de l’ame, puissé-je réussir à rechercher ta nature, et remonter jusqu’à ce charme touchant, dont l’effet est d’adoucir tout ce qui peut se trouver de dur dans les traits d’un caractère, et de revêtir ainsi d’amabilité ce qui n’inspireroit autrement qu’une froide admiration. C’est toi qui dérides le front de la sagesse, et adoucis la voix sévère des plus sublimes vertus auxquelles tu donnes l’onction de l’humanité ; — Toi qui étends ce nuage éthéré, destiné à servir de voile transparent à l’amour, dont il rélève toutes les beautés, ce nuage dont le demi-jour éclaire doucement ces asiles silencieux, embaumés du parfum délicat et pur de fleurs modestes qui affectent délicieusement les sens et le cœur, sans, les enyvrer, — modules mes accens, et mets