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grâce devant lui, et qui s’examine tranquillement en sa présence, se trompe rarement sur ses propres vertus. C’est pendant l’heure du recueillement que le repentir se livre à la ferveur de la prière et qu’on reconnoît le nœud qui unit l’homme à la Divinité ; on le reconnoît, dis-je, dans le sentiment pur d’une adoration révérencieuse, qui remplit le cœur sans exciter de tumultueuses émotions. Dans ces momens solemnels, l’homme découvre le germe de ces vices qui, semblables à l’arbre de Java, répandent aux environs une vapeur empoisonnée ; — leur ombre est mortelle ; mais il les découvre sans horreur parce qu’il se sent attiré lui-même par une chaîne d’amour vers ses semblables, aux folies desquels il voudroit trouver une excuse dans leur nature, c’est-à-dire en lui-même ; car il peut raisonner de la manière suivante : si, moi qui ai exercé mon esprit, qui ai été épuré par les disgrâces, je trouve l’œuf du serpent dans quelque pli de mon cœur, si je ne l’écrase qu’avec difficulté, pourrois-je ne pas compâtir à la foiblesse de ceux qui n’ont pu l’écraser, ou qui ont impru-