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demment nourri l’insidieux reptile, jusqu’à ce qu’il ait empoisonné chez eux la source de la vie ? Puis-je, avec le sentiment, de mes fautes secrètes, repousser mes semblables, et les voir tranquillement tomber dans l’abîme de perdition qui s’entrouvre pour les dévorer ? — Non, non, le cœur oppressé doit crier avec une impatience suffoquante ; — et moi aussi je suis homme. J’ai des vices peut-être ignorés, de mes semblables ; mais qui m’humilient devant Dieu, et qui, lorsque tout garde le silence, me disent hautement que nous sommes formés de la même terre et nourris du même élément. C’est ainsi que l’humanité s’élève naturellement du sein de l’humilité, et tresse des liens de bienveillance qui enlacent le cœur et l’empêchent de s’isoler.

Cette sympathie s’étend encore plus loin ; jusqu’à ce que l’homme satisfait découvre de la force dans des raisonnemens qui ne peuvent opérer sa conviction, il place dans un plus beau jour pour lui-même, les apparences de raison qui ont égaré les autres, et s’applaudit de trouver quelque excuse à toutes leurs erreurs, quoiqu’il