Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/402

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(358)

Les principes qui m’ont guidée dans toutes mes recherches rendroient inutiles de plus longs développemens, si l’attention constante à maintenir frais et en bon état le vernis du caractère, n’étoit souvent présentée comme l’unique devoir des Femmes ; si les documens, pour régler la conduite et conserver la réputation, n’étoient pas aussi fréquemment préférés aux obligations morales ; mais à l’égard de la réputation, toute la sollicitude se borne à une seule vertu, la chasteté. Pourvu qu’une Femme conserve ce qu’on appelle absurdément son honneur, elle peut négliger tous les devoirs sociaux, ruiner même sa famille par le jeu, par l’extravagance, sans qu’elle ait à rougir ; car dans le fait, c’est une femme honorable.

Mme Macaulay a judicieusement observé « qu’il n’y a qu’une seule faute qu’une Femme d’honneur ne puisse commettre impunément ; » elle ajoute, « c’est ce qui a donné lieu à cette observation folle et vulgaire, que dans une Femme, une première faute contre la chasteté, a le pouvoir radical de dépraver le caractère ; mais la nature ne produit pas des êtres aussi