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fragiles, et l’esprit humain est formé d’élémens trop sublimes, pour être aussi aisément corrompus. Malgré tous les désavantages de leur condition et de leur éducation, il est rare que les Femmes s’abandonnent entièrement, si elles ne sont jettées dans un état de désespoir, par la vénimeuse animosité de leur propre sexe. »

Mais autant ce soin de la réputation de chasteté est vanté par les Femmes, autant il est méprisé par les hommes, et les deux extrêmes sont également destructifs de la moralité.

Les hommes sont certainement plus dominés par leurs appétits que les Femmes, et leurs appétits sont encore plus dépravés par l’indulgence illimitée et par les artifices de la satiété. Le luxe a introduit dans le manger un rafinement qui détruit la constitution, et un dégré de gloutonnerie si dégoûtant, qu’il faut qu’on ait perdu toute idée de bienséance, avant qu’un homme ait pû se permettre de manger immodérément devant un autre, et se plaindre ensuite de l’incommodité naturellement occasionnée par son intempérance. Quelques Femmes, particulièrement