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CHAPITRE X.

Affection paternelle.

L’affection paternelle est peut-être la forme la plus aveugle sous laquelle puisse se produire un amour mal-entendu de sa personne ; car nous n’avons pas, comme les Français, deux termes[1] pour distinguer la poursuite naturelle et raisonnable d’un désir, d’avec les calculs insensés de la foiblesse. Les parens aiment souvent leurs enfans de l’amour le moins délicat, et sacrifient tous les devoirs à leur avancement dans le monde. Étrange perversité des préjugés sans principes ! Ils sacrifient tout à l’avantage à venir des mêmes êtres dont ils empoisonnent l’existence actuelle, par les actes les plus tranchans de despotisme. Dans le fait, la fureur de maîtriser est toujours fidèle à son principe vital ; car, sous quelque forme qu’elle se montre, elle veut régner arbitrairement et sans

  1. L’amour propre ; l’amour de soi-même.