Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/441

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(397)

souffrir d’examen. Son trône est dressé sur un gouffre dont l’œil n’ose sonder la profondeur, de crainte que cet édifice sans fondemens ne s’écroule au moindre effort pour s’assurer de sa solidité. L’obéissance, une obéissance sans condition, tel est le mot convenu des tyrans de toute sorte, et, pour assurer, s’il est possible, doublement l’assurance, une espèce de despotisme en étaye une autre. Les tyrans auroient trop à craindre, si la raison devenoit la règle du devoir dans les rapports de la vie, car la lumière pourroit gagner insensiblement et amener le grand jour, et quand il paroîtroit, comme les hommes riroient à la vue des phantômes qui les auroient effrayés durant la nuit de l’ignorance, ou le crépuscule d’une timide recherche !

Effectivement l’affection paternelle n’est dans plusieurs âmes, qu’un prétexte pour tyranniser impunément ; car les honnêtes gens et les sages n’exigent pas qu’on les respecte sur parole ; convaincus de leur droit, ils ne redoutent point le jour de la raison, ni l’appel de leurs succès au tribunal la justice naturelle, parce qu’ils croient fermement que plus l’esprit humain s’é-