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La civilisation du gros des peuples de l’Europe offre le coup d’œil affligeant d’une injuste partialité ; il y a plus, c’est qu’on pourroit mettre en question si les hommes y ont acquis quelques vertus, formant un échange équivalent à l’état malheureux où les ont réduits leurs vices dont on s’est efforcé de plâtrer une ignorance imprévoyante, et la liberté qu’on leur a fait troquer contre un brillant esclavage. Le désir d’éblouir par les richesses, qui malheureusement assurent le mieux la prééminence de l’homme, le plaisir de commander à des flateurs et beaucoup d’autres calculs aussi bas, faits par l’avide égoïsme, ont contribué à écraser la masse du genre humain, et à faire de la liberté un instrument commode pour le faux patriotisme. Car, tandis que les rangs et les titres acquièrent une fausse grandeur devant laquelle le génie « doit s’humilier et cacher sa tête, convenons qu’à quelques exceptions près, et c’est un grand malheur pour une nation, les hommes de mérite, sans richesses et sans titres, ont bien de la peine à se faire jour. » Hélas ! que de calamités inouies des millions d’hommes n’ont-