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principes en ayant fait en même temps un optimiste il consacra sa prodigieuse éloquence à prouver que l’homme étoit naturellement animal solitaire ; égaré par son respect pour la bonté, de Dieu. — Car quel être sensible et raisonnable peut en douter ! — de Dieu qui certainement ne nous a donné la vie que pour nous communiquer le bonheur, il regarde le mal comme réel ; mais il y voit l’ouvrage de l’homme, en se dissimulant que c’est exalter un attribut aux dépens d’un autre aussi nécessaire à la perfection divine.

Bâtis sur une fausse hypothêse, ces argumens en faveur de l’état de nature sont plausibles, mais sans solidité. Je dis sans solidité ; car prétendre que l’état de nature est préférable à la civilisation dans toute sa perfection possible, c’est, en d’autres mots, démentir la suprême sagesse ; et cette exclamation paradoxale’que Dieu a fait tout bien, et que le mal a été introduit par ses créatures, qu’il a pourtant faites en sachant ce qu’il faisoit, est aussi peu philosophique, que religieuse.

Quand cet être sage, qui nous créa et nous mit ici bas, voulut que les passions