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timent de l’altière et sourcilleuse Junon.

Toutes ces petitesses ne dégraderoient pas leur caractère, si les Femmes apprenoient de bonne heure à se respecter elles-mêmes ; si le champ de la politique et de la morale leur étoit ouvert ; et j’ose assurer que c’est-là le seul moyen de les rendre attentives à leurs devoirs domestiues. — Un esprit actif embrasse tout le cercle de ses devoirs, et trouve assez de tems pour tout. Certes, ce n’est par une entreprise au-dessus de nos forces de rivaliser avec les vertus des hommes. Ce n’est pas le charme des études littéraires, ni l’application soutenue aux sciences, qui éloignent les Femmes de leurs devoirs ; c’est l’indolence et la vanité, — l’amour du plaisir et celui de la domination, qui règnent en maîtres dans un esprit vide. Oui, vide, je le répète à dessein, parce que l’éducation que les Femmes reçoivent à présent en mérite à peine le nom. Le peu de connoissances qu’on les met à portée d’acquérir, pendant les années importantes de leur jeunesse, se borne aux talens agréables, à des talens qui n’ont aucune solidité ; car sans la culture de l’esprit, la grace même