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de Femmes qui aux connoissances ont su joindre la modestie, et n’ont pas affiché un mépris pédantesque pour l’ignorance qu’elles avoient écartées de leur propre esprit. Les exclamations qui ont lieu quand on parle du savoir des Femmes, sur-tout dans le bouche de celles qui sont jolies, naissent donc le plus souvent de la jalousie, quand elles viennent à s’appercevoir que même l’éclat de leurs yeux et le vif enjouement d’une coquetterie rafinée, ne fixent pas toujours l’attention pendant toute une soirée. Une Femme d’un esprit plus cultivé s’efforce-t-elle de faire prendre à la conversation un tour raisonnable ; la source ordinaire de leur consolation est de dire que ce n’est pas avec cela qu’on a un mari. Que de ruses n’ai-je pas vu employer à de ridicules Femmes ? Quelles manœuvres savantes ne leur ai-je pas vu faire, pour interrompre une conversation raisonnable dont l’intérêt faisoit oublier aux hommes qu’elles étoient de jolies Femmes ?

Mais supposé que, ce qui n’est que trop ordinaire aux hommes, l’effet immanquable de talens distingués soit d’inspirer cette