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ment dans les sentimens, en parlant de mariage, elles exprimoient leurs désirs avec assez peu de délicatesse lorsqu’elles se voyoient en liberté.

Or, je le demande, quel tort eût fait à ces jeunes personnes la lecture des romans ? J’avois oublié une nuance du caractère d’une des trois sœurs. Elle affectoit une simplicité voisine de la sottise, et, avec un sourire, se permettoit les remarques et les questions les plus immodestes, dont elle avoit parfaitement appris le sens pendant qu’elle étoit séquestrée du monde ; elle trembloit de parler en présence de sa mère qui menoit ses filles la verge haute. Elles étoient toutes élevées, comme cette dame s’en vantoit elle-même, de la manière la plus exemplaire, et lisoient leur bible et leurs psaûmes avant le déjeûner, sans jamais ouvrir un roman.

C’est un exemple choisi entre mille ; mais je me rappelle un grand nombre d’autres Femmes qui, faute d’avoir été conduites par dégré à des lectures convenables, ou d’avoir eu la liberté de choisir, ont en effet été de grands enfans, ou ont acquis, à force de fréquenter le monde, un peu