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entendu avec indignation appeler des domestiques d’un ton impérieux pour coucher les enfans, et les renvoyer à plusieurs reprises, parce que le petit monsieur ou la petite demoiselle se pendoit au col de sa maman, pour rester un peu plus long-tems ; et, pendant que les esclaves attendoient l’ordre d’accompagner la petite idole, celle-ci se livroit à tous les caprices choquans qui caractérisent un enfant gâté.

Il est donc deux excès où donne la plus grande partie des mères ; ou bien elles se reposent entièrement sur leurs domestiques du soin de leurs enfans, ou, parce qu’ils sont leurs enfans, ils les traitent comme des demi-dieux, quoique j’ai toujours observé qu’il étoit bien rare que les Femmes, qui idolâtroient ainsi leurs enfans, témoignassent l’humanité la plus commune à leurs domestiques, ou sentissent la moindre tendresse pour d’autres que pour les leurs.

Ce sont ces affections exclusives, et cette manière personnelle de voir les choses, résultat de l’ignorance, qui empêchent les Femmes de faire un pas vers le perfectionnement de leur sexe, et qui