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avoir le cœur pur, sans s’inquiéter de l’observation de cérémonies minutieuses, qu’il est d’ailleurs fort aisé de remplir scrupuleusement, quoique le vice règne dans le cœur.

— Sans doute les Femmes doivent s’efforcer de purifier leur cœur ; mais peuvent-elles le faire, quand leur intelligence, sans culture, les laisse absolument dans la dépendance de leurs sens, soit pour s’occuper, soit pour s’amuser ; quand aucune recherche plus noble ne les met au-dessus des petites vanités du jour, ou en état de calmer les mouvemens qui agitent un foible roseau, livré à la merci des plus légers zéphirs. L’affectation est-elle donc nécessaire pour gagner le cœur d’un honnête homme ? La nature a donné à la Femme un corps moins robuste qu’à l’homme ; mais faudra-t-il, pour s’assurer l’affection de son mari, qu’une Femme qui, par l’exercice de ses facultés morales et physiques, a su conserver à son tempéramment sa force naturelle, et à ses nerfs leur vigueur, tandis qu’elle remplissoit les devoirs d’épouse, de fille et de mère, s’abbaisse jusqu’à l’artifice, et feigne une délicatesse maladive, dans