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l’intention de conserver le cœur d’un homme qui devroit être charmé de la voir en bonne santé, pour peu qu’il fût raisonnable. La foiblesse peut exciter l’intérêt et flatter l’arrogant orgueil de l’homme ; mais, les caresses d’un maître, d’un protecteur, ne satisferont pas une ame généreuse qui veut et mérite du respect. Cette sorte de tendresse est un, chétif, remplacement de l’amitié.

Je reconnais la nécessité, de tous ces artifices dans, un Serail, à la bonne heure : l’Epicurien qui le possède, a besoin d’avoir son palais réveillé, sous peine de dégoût ; mais quelle Femme se contenterait de cette existence, sinon celle qui n’en mériteroit pas une meilleure ? Peut-on faire de la vie un songe, et la passer lâchement dans le sein du plaisir, ou la langueur de l’indolence, plutôt que d’assurer son droit à des jouissances raisonnables, et de s’illustrer par la pratique des vertus qui honorent l’espèce humaine ? Certes, elle n’a pas une ame immortelle celle-là, qui peut dissiper, de gaîté de cœur, sa vie purement consacrée à la paure, pour amuser les heures languissantes et charmer les ennuis d’une créa-