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ture son égale, qui veut être réveillée par ces sourires et ses agaceries.

Au contraire, la Femme qui exerce son corps et fortifie son intelligence, en soignant sa famille et pratiquant différentes vertus, devient l’amie et non l’humble esclave de son époux, et si elle mérite son estime par ces qualités solides, elle ne sera pas réduite à cacher son amour, ni à prétendre à une froideur de tempéramment contre nature, pour exciter les passions de son mari. En effet, parcourons l’histoire, nous y verrons que les Femmes qui se sont distinguées, n’ont été ni les moins belles, ni les moins aimables de leur sexe.

La nature, ou, pour parler plus exactement, Dieu a bien fait tout ce qu’il a fait ; mais l’homme a gâté son ouvrage, en se tourmentant à chercher des moyens de le perfectionner. On voit assez que j’ai actuellement en vue cette partie du traité de Grégory, où il conseille à une Femme de ne jamais laisser connoître à son mari l’étendue de sa sensibilité et de son amour. Précaution voluptueuse et aussi peu efficace qu’absurde. — L’amour, par sa nature même, ne peut être que passager : chercher un