Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/101

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Et, dans l’air vaporeux, comme du ciel venues,
Passaient et repassaient les voix discontinues
Des clochers des hameaux se saluant gaîment ;
Et Nadine écoutait le désenchantement
Aux cloches de son cœur, en longs accords funèbres
Retentir comme un glas, dans de mornes ténèbres ;
Et son regard suivait le vol des oiseaux bleus
Qui voguaient en ramant sur l’océan des cieux
Et dont l’aile fuyait comme ses espérances.

Sur la route le pas d’un chariot qui s’avance
Lui fit lever la tête. Elle vit le mulet
Qui grimpait le coteau tandis que Sécheret
Sous la bâche couché sifflait comme le merle
En cascade égrénant de son gosier les perles.
Il cheminait ainsi, songeant que ses amours
Venaient défaire un pas et qu’il aurait son tour.
Nadine l’arrêta quand il fut auprès d’elle
Et l’homme, ayant poussé sa tête à la ridelle,
Dit d’un ton goguenard :


Dit d’un ton goguenard : — Vous avais-je pas dit
Que l’amour à distance est un plat refroidi,
Un bouquet sans parfum, un chemin sans ombrage
D’où l’on fuit quand la pluie ou le soleil font rage
L’amour de votre ami me paraît bien moisi !

— Comment le savez-vous pour me parler ainsi ?

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