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Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/102

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Dit Nadine.
Dit Nadine.— Voici, ma bonne demoiselle :
Quand il a lu la lettre, une colère telle
L’a saisi, qu’il est parti, on ne l’a plus revu !

— Mais il va revenir ?
— Mais il va revenir ?— Retour bien imprévu.
Alors ! car il a pris la route d’Amérique.

— Est-ce possible, ô Dieu ?
— Est-ce possible, ô Dieu ?— C’est aussi véridique
Que vous me voyez-là ; et je vais de ce pas
L’annoncer au meunier. En voilà un qui va
En faire une figure !
En faire une figure !Et l’homme, sous la bâche
À ces mots s’enfonça comme un pêne en sa gâche ;
Et le mulet partit de son pas nonchalant.

Nadine, le front pâle et le cœur pantelant,
S’assit sur le talus, le regard dans le vide.
Mais au fond de son âme elle lisait, lucide :

Sacrifice inutile inscrit sur un tombeau
où elle avait couché les perles, les joyaux,
Les rêves, les amours de sa jeunesse blonde
Sous un marbre glacé dans une nuit profonde.

— Jamais plus ! oh ! jamais ! je ne le reverrai,
Disait-elle, et, toujours, pour lui ce sera vrai

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