Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/104

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Et laissé peu d’espoir.
Et laissé peu d’espoir.Comme mourait le soir,
Nadine à ses côtés tendrement vint s’asseoir
En lui prenant la main et cherchant à cette heure
Un cœur où se poser en lui disant : Je pleure !
Mais Nadine était seule au monde ! Où donc était
Pierre le bien-aimé ? Quels soleils l’abritaient ?

— Nadine, dit la vieille, il semble que l’automne
Soit plus triste cet an ; et je crois bien, ma bonne,
Que ma vie est usée et qu’il faudra bientôt
Aller me reposer de mes tracas là-haut,
oh ! ne dis pas non ! Car quand le bon Dieu appelle
À lui les vieilles gens, il sonne à leur cervelle
Quelque avertissement. Je raillais, moi aussi,
Lorsque mon pauvre Hubert me sermonnait ainsi
Mais il s’en est allé. À mon tour de le suivre ;
Il est un temps d’ailleurs où l’on est las de vivre.

Nadine ne trouvait à répondre aucun mot ;
Tant de deuils la noyaient sous leurs mornes sanglots
Qu’il lui semblait meilleur de dormir sous la terre,
D’être ce peu de rien, couché dans le mystère,
Sous de petites croix et des tertres en fleurs
Qui n’entend, ni ne voit et qui n’a plus de pleurs.
Et cette voix cassée, aux accents prophétiques,
Lui paraissait un vol de corbeaux fatidiques.

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