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Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/107

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Précédé d’un enfant au surplis de dentelle
Qui secouait la voix d’une clochette grêle
Le vieux curé s’en vint portant le pain divin,
Viatique de vie au seuil du grand chemin.
Les gens s’agenouillaient au passage du prêtre
Et des fronts se courbaient derrière les fenêtres.
Et il passait sur eux comme un vent froid du Nord
En songeant aux baisers des lèvres de la mort ;
L’un à l’autre ils disaient : « On apporte à Toinette
Les derniers sacrements. Que le bon Dieu l’admette
Dans son saint paradis : elle fut bonne à tous. »

Au soir du lendemain tombèrent coups à coups
Les notes de la cloche annonçant au village
Que la mort avait clos des yeux à son passage
Et le glas résonnait en plaintes sur l’airain
Comme il retentissait dans les mornes jardins,
Sans fleurs et sans soleil, de l’âme de Nadine.
Près du front de la morte, aussi blanc que l’hermine,
Elle appuyait sa tête, écoutant cette voix
Qui tombait de la cloche et battait à la fois
Au cœur de sa solitude et de sa détresse.
Tout était mort pour elle : Amour, désirs, jeunesse !
Et l’espérance ouvrant son aile de saphir
Avait fui vers l’azur comme un léger zéphir.

Simples et sans apprêts furent les funérailles.
Le ciel était barré par de larges murailles