Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/106

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De Nadine tremblaient dans la main de la vieille
Blottis comme un oiseau dont le repos sommeille
Sous l’aile de sa mère. Et des larmes coulaient
En silence à ses yeux.
En silence à ses yeux.Puis les jours s’écoulaient
Maussades, pluvieux. Les grand’portes des granges
ouvertes bâillaient et les poules en phalange
S’abritaient sous les chars, plumage hérissé,
Et voyant le ciel noir où naviguaient, pressés,
Les nuages tordus en gestes d’épouvante
La vieille frissonnait ; une toux persistante
Lui secouait le corps. Nadine la priait
De rester en son lit, en vain la suppliait,
L’autre lui répondait :
L’autre lui répondait :— L’heure n’est pas venue,
Je fus toujours sur pied à la tâche tenue,
Et quand il me faudra me mettre dans mon lit,
Je n’en sortirai plus.
Je n’en sortirai plus.Et cela s’accomplit
Ainsi qu’elle avait dit. Un matin de novembre
Que le vent souffletait les carreaux de sa chambre,
À Nadine elle dit :
À Nadine elle dit :— Je le sens, C’est fini.
Fais chercher le curé pour qu’un geste béni
En me fermant les yeux les ouvre à la lumière
Des divins paradis, et que, de ma chaumière,
J’entre dans les palais où sont tous les chrétiens,
où j’irai retrouver tous nos bons paroissiens.