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Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/109

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Un sanglot de Nadine. Et, dans sa robe noire,
Le visage plus pâle, alors, on eût pu croire
Qu’elle personnifiait, debout sur les tombeaux,
La Douleur contemplant les horizons plus beaux
Où montaient les soleils de la vie éternelle.
Elle n’entendait rien : ni les cloches cruelles
Qui haletaient dans l’air, ni le vent qui roulait
Ses flots tumultueux, ni les chiens qui hurlaient,
Ni la terre croulant en sourdes pelletées
Sur le cercueil de chêne où son âme est restée.
Elle n’entendait pas le pasteur qui disait :
« Venez, mon enfant ! » et doucement la prenait
Par le bras, la menant comme dans la nuit sombre.

Durant les jours suivants elle vécut à l’ombre
De tous ses souvenirs, comme sous des tilleuls
Parfumés de printemps ; mais en vain. Un linceul
De mort la recouvrait et, seule, la prière
Etait douce à son cœur le vêtant de lumière.
Puis l’apaisement vint. Sereine la douleur
L’endormit dans ses plis ; elle fut une sœur,
Elle fut une coupe amère et toujours pleine
Dont les vins empourprés refluaient dans ses veines.

Entretemps Sécheret comme une ombre rôdait
Autour de la demeure où Nadine accoudait