Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/112

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Aboient lugubrement en tirant sur leur chaîne.
On entend des rumeurs dans les maisons prochaines,
Bruit de volets claquants et de portes s’ouvrant,
Puis une voix surgit, s’étend comme un torrent :
Au feu !
Au feu !— Où ? clame-t-on.
Au feu ! — Où ? clame-t-on.— C’est là-bas, chez Nadine,
Répond un passant, et dans l’ombre s’acheminent
Comme un troupeau hâtif des pas précipités.
Qui s’en vont à tâtons, vers les fauves clartés.

Ainsi qu’un feu de paille, elle brûle, elle brûle
La maison ! Tout autour l’ombre des nuits recule.
Le hangar a pris feu d’abord, puis le logis ;
Tout flambe maintenant : les murs en sont rougis,
Des glaives enflammés percent les interstices
Et sur le ciel plus noir des gerbes d’or jaillissent.
En vain les paysans ont formé jusqu’à l’eau
Une chaîne de mains où se suivent les seaux,
En vain des gars hardis ont dressé des échelles,
C’est un cratère où l’eau à la flamme se mêle
Pour se fondre en flocons de nuages sanglants.

Nadine est là debout, comme un oiseau tremblant.
Appuyée au tilleul dont le feuillage embaume
Le front de sa demeure ; elle est dans un royaume
Où il lui semble voir près de brasiers ardents
Des diables attisant le feu de leurs tridents ;