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Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/120

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Mais le chemin est triste, et il lui semble, à Pierre,
Qu’il erre avec la mort au long d’un cimetière.

Pierre ne parla point de Nadine au vieillard,
Il craignait de rouvrir comme avec un poignard
La blessure fermée et crut mieux de se taire.
Mais il alla trouver sous son toit solitaire
Le fourbe Sécheret qui put calomnier
À son aise Nadine et verser tout entier
Le venin de sa haine. Et ainsi la colère
Grondait aux yeux de Pierre en quittant la chaumière.

Sur la route où l’amour avait conduit jadis
Ses pas d’adolescent dans les bois reverdis,
Il résolut d’attendre au passage Nadine.
C’était l’heure où le roi du firmament s’incline
Et descend dans les ors les degrés de l’azur,
Et Pierre se disait :
Et Pierre se disait :L’instant est doux et pur,
Le mystère de l’heure appelle les bleus rêves
Qui voltigent dans l’air lorsque le jour s’achève.
C’est ici qu’autrefois, le soir étant pareil,
Il pleuvait du bonheur ! Il pleuvait du soleil !
Je lui parlais d’amour, comme un enfant aux roses,
Elle me souriait de ses lèvres mi-closes
Et la terre semblait trop petite à mon cœur
Où légères battaient les ailes du bonheur !



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