Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/121

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Et maintenant ?… C’est ici que je vais l’attendre,
Me venger, et sur l’herbe l’étendre
Dans les plis de la mort ! Ici même où sa voix
Murmurait dans le vent qui agitait les bois,
Je fermerai sa lèvre aux promesses parjure.
Ô mon bras, reste ferme ! Ô mon âme, sois dure
Pour frapper sûrement ton âme ! Souviens-toi
De tes larmes de sang que ton exil lui doit,
Que ses mains t’ont forgé des chaînes de souffrance,
Qu’il n’est plus rien de doux pour toi que la vengeance !
Son destin est fixé ! Elle a troué mon cœur
Des flèches de l’amour, à moi d’être sans peur
Pour lui percer le sien ! C’est juste, qu’elle expie !
Et les hommes diront : Celle-ci fut impie !


Et là-bas, sur la sente, et traversant les prés
Que le soleil dorait de ses derniers baisers,
Nadine s’en venait de la ferme prochaine
Allongeant chaque soir les tristesses sereines
Du chemin coutumier pour qu’elle pût revoir
La route de jeunesse aux ombrages d’espoir
Lorsque son cœur bercé par les aveux de Pierre
Voyait passer au ciel des nacelles légères
Conduites par l’amour aux rives du bonheur.

Nadine avait pâli — était-ce joie ou peur ? —



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