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Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/19

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Il aimait ses yeux bleus comme les nuits de lune
Et son front qu’ombrageait sa chevelure brune
Et toute la bonté dont ses lèvres parlaient,
Car son cœur était bon et sa main consolait.
Maintenant, la voyant active et diligente,
Mêlant ses rayons d’aube au soir d’une indigente
Il écoutait en lui chanter, comme un refrain,
La chanson des amours à leur premier matin.
Alors, il lui sembla que le ciel et la terre
Et le bonheur étaient dans cette chambre austère
À regarder toujours la pure vision,
Et rester là dans l’ombre à boire ce rayon.

— Venez-vous, maintenant ? lui dit la jeune fille,
Notre malade dort. Qu’un rêve lui sourie
Comme un espoir charmeur ! N’est-ce pas qu’il est dur
D’être seule comme elle et d’errer sous l’azur
Sans famille et sans pain ?
_________________— C’est vrai, répondit Pierre,

Tout le bonheur qu’elle a en ouvrant sa paupière
C’est de vous voir près d’elle et venant chaque jour
Lui porter le sourire et le pain de l’amour.

Nadine, sans rien dire, avait mis un blanc châle
Laissant de son visage apparaître l’ovale
où brillaient ses deux yeux comme deux astres bleus.
Puis, fermant bien la porte, ils partirent tous deux.



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