Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/33

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Dans les prés l’herbe est haute, et ses cheveux épais
ondulent caressés par la brise de mai.
Les faucheurs sont venus ; ils marchent en mesure
Et couchent sous la faux les toisons de verdure.
Ah ! le fermier Martin peut se frotter les mains
À voir le long du pré s’aligner les andains.
Comme une pièce d’or sa figure rayonne ;
Il encourage l’un, il gourmande, il ordonne
Et les faux et râteaux étincellent dans l’air
où passent frémissant leurs rapides éclairs.
Tout se rit de couleurs ! Un rayon d’or voyage
Des faucheurs aux bras nus aux pourpres des corsages.
Il tisse un rideau d’ombre au bord des grands chapeaux
Et taille à sa clarté le geste des râteaux.

Voici qu’au bout du pré, par la barrière ouverte
Soudain paraît Nadine. Elle est toute couverte
De sa blonde jeunesse, et, jalouses, les fleurs
Lèvent toutes le front pour admirer leur sœur
Franchissant les andains elle marchait légère
Vers le fermier Martin, comme une messagère
De printaniers bonheurs, et la voyant venir
Le fermier caressant un rêve d’avenir
Souriait largement en s’avançant vers elle.
Et d’aussi loin qu’il put :
Et d’aussi loin qu’il put :— Bonjour, Mademoiselle,
Cria-t-il. Venez-vous prendre part aux travaux ?
Aucun bras n’est de trop, tant l’herbe par monceaux



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