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Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/50

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Pierre en profitera si elle est trop savante.
À son tour il sera gros monsieur. Influente,
Sa femme pourrait en faire un homme important.
Que sais-je ? Un conseiller ? voire un représentant ?
Mathot est tout-puissant, et sa seule parole
A ravi le ministre au Congrès agricole.
Quel homme ! Et riche donc !
Quel homme ! Et riche donc !— Et le meunier allait,
Allait toujours, montant comme une soupe au lait,
Et sa femme en silence acquiesçait de la tête.
Il s’arrêta. Le pas d’un cheval que l’on fouette
Et le chant des grelots sonnèrent dans la cour ;
Ils annonçaient gaîment de Pierre le retour.

Le meunier vint à lui. Ensemble ils dételèrent
Le cheval qui gagna la route familière
Menant à l’écurie où l’arôme du foin
S’exhalait en tiédeur de tous les moindres coins.

Le repas terminé et sa pipe bourrée,
Vers le plafond noirci, en volutes moirées,
Le meunier fait monter la fumée à grands coups.
Dans le fauteuil sa femme est assise, elle coud.
Pierre distraitement suit les pages d’un livre.
Dehors siffle la bise et des rafales ivres
Jettent la neige en tas. On dirait qu’une main
Ébranle les vieux murs et que le toit se plaint.



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