Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/51

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Les volets en claquant tremblent comme un feuillage
Et des paquets de vent s’écroulent avec rage
Attisant du foyer les ardentes clartés.

— Pierre, dit le meunier d’un ton de gravité,
Voici que maintenant et ta mère et ton père
Sentent l’âge venir ; et, comme eux, je l’espère,
Tu sauras prospérer dans le travail. Bientôt
Tu seras maître ici. Or il n’est pas de trop
D’être deux pour la tâche : un n’y pourrait suffire…
La meunière ajouta : « Et ta mère désire
Avant le grand sommeil voir ses petits-enfants
Danser sur ses genoux. Serait-ce pas charmant ? »

— C’est raison, continua le meunier, et comme
Tu ne te presses pas, j’ai fait ton choix. En somme
Il en est mieux ainsi. Les parents ont d’ailleurs
Beaucoup d’expérience ; ils savent le meilleur
Pour arrêter jeunesse au seuil de la folie.

— Mais attendez, dit Pierre, avant que je me lie,
Jusqu’à l’été prochain, car voici la saison
Où l’on se réunit le soir dans les maisons.
J’y pourrai faire un choix parmi les jeunes filles.

— C est tout fait, dit le père, et même je défie
De trouver mieux que moi. Sais-tu qui veut de toi
Comme gendre ! Mathot !… Comment ?… tu restes coi !



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