Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

À regarder l’ami qui descendait la route
Et voyait son bonheur s’écouler goutte à goutte.
Lorsqu’il se retournait elle lui envoyait
Le geste de ses mains, vers lui les déployait
Comme une aile d’oiseau qui lui disait : Espère !
Elle vit Pierre encore une fois, la dernière,
S’arrêter un instant pour unir leur penser,
Puis sur la route blanche où il était passé
Elle ne vit plus que la neige immaculée
Et des pas bien-aimés la trace ciselée.
Alors se sentant seule entre l’immensité
De la terre éplorée et des cieux attristés
Nadine sanglota, et, les deux mains tendues,
Poussant un cri d’effroi, elle vint, éperdue
Tomber dans la chapelle aux marches de l’autel
Où la Vierge Marie, en sa robe de ciel,
Rayonnait de pitié à toutes les détresses
Et leur ouvrait les mains pleines de ses tendresses.



61