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Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/88

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— C’est bien, nous ouvrirons l’œil, et le bon, dit Josse,
Et s’il nous vole encore, il faudra qu’on le rosse.

La conversation, après ces mots, se tut ;
Chacun cherchait un coin de fraîcheur revêtu
Où reposer en paix. Couchés dans l’herbe molle
Les moissonneurs lassés dormaient sous la coupole
Des arbres chevelus. Leur souffle cadencé
Soulevait leur poitrine ainsi qu’un flot bercé ;
Aucun bruit ne montait autour d’eux de la plaine
Qu’embrasait le soleil de sa brûlante haleine.
Seuls des grillons crissaient en longs appels stridents
Et des mouches d’acier zébraient l’air en vibrant
Tandis qu’au bord de l’eau le vol des libellules
Descendait des roseaux à l’or des renoncules.

Bientôt l’heure sonna, et son pas trébuchant
Heurtait les fronts couchés dans la fraîcheur des champs ;
Les hommes se levaient et retournaient sans hâte,
Comme des gens perclus que le travail embâte,
Au labeur des moissons.
Au labeur des moissons. En ce même moment
Pierre et son oncle causant amicalement
S’en venaient à leurs champs longeant la berge fraîche
Où l’herbe était plus douce et la terre moins sèche.
L’oncle au neveu disait :
L’oncle au neveu disait : — Oui, tu retourneras
Bientôt dans ton pays. Ma parole saura

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