Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/89

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Apaiser ton vieux père.
Apaiser ton vieux père. — Il est bien trop tenace !
Reprit Pierre, et je crois que, sous votre main, casse
Plutôt ce peuplier que son entêtement.

— Il faudra bien pourtant, dit Tibert s’animant,
Qu’il entende raison ! Ne suis-je pas son frère !
Et son aîné ?
Et son aîné ? — À quoi bon ? Mon cœur se désespère,
Mes jours s’en vont chargés de regrets et d’oubli :
Le silence les voile et les ensevelit.
Que sont-ils devenus les fidèles messages
Dont les ailes d’azur volaient à mes rivages
Et tremblantes d’amour déposaient à mes pieds
Les fleurs du souvenir comme les cerisiers
Sèment dans les vergers leur neige de pétales !

L’oncle lui dit :
L’oncle lui dit : — En plaintes tu t’exhales
Comme tout amoureux qui pour le moindre rien
Se croit abandonné, trahi, et s’entretient
Le cerveau de soupçons, de craintes et de doutes,
Qui se lasse de boire un amour goutte à goutte
Et voudrait d’un seul coup vider la coupe à fond.
Cela n’est pas sensé. Sois certain, mon garçon,
Qu’autant que toi Nadine aimerait que les heures
Eussent des ailes, et qu’en silence elle pleure.

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