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Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/93

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Un si brave garçon !
Un si brave garçon ! — Elle a bien mauvais cœur,
Dit l’un
Dit l’un — Ce n’est pas moi qui causerais ses pleurs
Ou le chagrinerais, ajouta Katheline.

— Allons, cria Tibert, écartez vos échines,
Vous allez l’étouffer !… Amène-nous ici
Ton chariot, Sécheret, et de la paille aussi
Pour que nous l’y couchions… Et, vers la métairie !

Ils s’en furent ainsi. Comme une fleur flétrie
Pierre était étendu dans un rêve sans fin
Où son œil semblait suivre un navire lointain.
Son oncle, auprès de lui, marchait, la mine grave
Attendant que la vie éveillât cette épave.
Et le mulet gaillard agitait son grelot
Tandis que Sécheret suivait sans dire mot
Ruminant ses amours.
Ruminant ses amours.Étendu sur sa couche,
Fiévreux et délirant, Pierre disait, farouche :
Je ne la verrai plus ! Mais comme il était fort,
Sa jeunesse échappa aux serres de la mort.
Dans sa convalescence, assis sous la tonnelle
Il restait de longs jours à suivre la nacelle
De ses bonheurs perdus qui voguaient dans les cieux
D’une nuit sans étoile. Et l’oncle généreux


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