Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/95

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À des fleuves nouveaux. Souvent la paix se trouve
Sur les rudes chemins de l’exil. Je t’approuve.
Cherche ta guérison ainsi qu’un chercheur d’or
Et quand tu reviendras, si tu le veux encor,
Tu trouveras ici ta place toute prête.

Ils se turent pensifs et baissèrent la tête.
Ils marchaient sur la berge, aux divines clartés
Des couchants de soleil dont les rayons jetés
Sur l’herbe et sur les eaux glissaient en vapeurs mauves
Vers les confins du ciel baignés de lueurs fauves.
Ils se sentaient tous deux frémir de la douceur
Qui nageait sur la terre et coulait de son cœur,
Et qui eût regardé le visage de Pierre
Aurait vu s’échapper deux perles de lumière
De ses yeux anxieux.



De ses yeux anxieux.Le ciel est nuageux,
Et il pleut sur l’Escaut et sur ses flots fangeux.
Une brume enveloppe Anvers, le port, la plaine ;
Tout est baigné de sa mélancolique haleine.
Il pleut lugubrement ! Les navires du port
Semblent sur des linceuls reposer dans la mort,
Immobiles, muets, les ailes repliées.
La
Flora cependant paraît seule éveillée
Dans les bruits du départ. Des voix et des rumeurs,
Des chaînes, des sifflets panachés de vapeur


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