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comptes et des ennuis que lui a attirés sa suffisance. Voici un extrait particulièrement mensonger et diffamatoire :

Les Canadiens ou créoles sont présomptueux et remplis d’eux-mêmes, s’estiment au-dessus de toutes les nations de la terre et, par malheur, ils n’ont pas toute la vénération qu’ils devraient avoir pour leurs parents… Les femmes aiment la parure et il n’y a point de distinction de ce côté-là entre la femme d’un petit bourgeois et celle d’un gentilhomme ou d’un officier.

Le cuistre avait eu la précaution de mettre la mer Atlantique entre lui et ceux qu’il calomniait de la sorte ; autrement, nos ancêtres n’auraient pas manqué de réfuter, par des issues de légumes et des œufs couvis, les sottises de ce malotru. On aurait pardonné au Gascon sa hâblerie, mais sa goujaterie est sans excuse. La honte, tant !

Ces restrictions faites, il faut reconnaître que cet écrivain fait preuve de beaucoup de perspicacité, de pénétration, de sagacité, de jugement et de véridicité historique. Voici un passage de son œuvre qui démontre que cet homme distingué sait, à l’occasion, rendre justice aux nobles qualités physiques et morales qui, de tous temps, furent l’apanage des nôtres :

Les Canadiens sont bien faits, robustes, grands, forts, vigoureux, entreprenants, braves et infatigables ; il ne leur manque que la connaissance des belles-lettres.

Vous le voyez, il ne nous manquait que les belles-lettres en 1684. Eh ! mon Dieu, qu’en au-